C’est un vieillard …
Son visage porte déjà la souffrance des supplices qu’il a déjà subit et la souffrance de ceux qui sont encore à venir.
Les larmes coulent de ses yeux, larmes de douleur et de peur ; il sait ce qui l’attend…
Ses bras sont relevés et ses mains attachées, un corps maigre et sec.
Sa barbe fournie est entremêlée par la sueur.
Ses yeux, regardez ses yeux … la terreur s’y est nichée … elle à raison … Marsyas attend la mort et il le sait : il a été condamné à avoir son corps écorché vif.
Comment en est il arrivé là ?
Vous vous souvenez de ma dernière note ; nous avions laissé Athéna furieuse et avec son image jouant de la flûte. Par dépit, elle avait jeté sa flûte dans les eaux d’un lac.
Et bien Marsyas, le satyre qui passait par là a pu récupérer le flûtiau et se mit immédiatement à jouer.
L’instrument était magique…… la musique aussi !
Et vite Marsyas fut fameux de partout ; les muses et les trois grâces se l’arrachaient pour qu’il les berce de la douce mélopée qui sortait de son flûtiau ;
La gloire lui tournait la tête et sa vantardise allaient le perdre … Marsyas se mit en tête de défier dans un concours musical le plus grand joueur de lyre : Apollon lui-même.
Le Dieu apprécia peu d’être ainsi défié mais accepta tout de même la joute musicale …pour juges ils prirent les muses
Les deux joueurs s’affrontèrent pendant des heures et des heures. Aucun être, Homme ou Divinité n’avais jamais entendu de telles mélodies…
Mais il fallut choisir … et les muses, d’un seul élan décidèrent que la plus belle musique était celle d’Apollon …
Mais Midas qui passait par-là décida de mettre son grain de sel … et contesta le résultat.
Certes la musique d’Apollon était belle, disait-il, mais Marsyas met plus d’entrain, plus de vie dans ses notes …
Apollon entra alors dans une colère formidable et on entendit sa voix dans toute la Grèce :
Midas, tes richesses t’ont rendu bête et tes oreilles n’ont pas plus de goût que celle d’un âne … et immédiatement des oreilles poussèrent sur al tête de ce pauvre Midas
Puis, se tournant vers Marsyas
Marsyas, toi qui as eu le culot de te mesurer aux Dieux, ton impudence te coûtera la vie et tu vas mourir les plus affreuses douleurs … que l’on écorche sa peau et qu’on en fabrique des tambourins !
Et désormais Marsyas contemplait sa vie perdue …
Le Supplice de Marsyas I - II ap JC, Musée du Louvre
ce récit est fabuleux, Marsyas est devenu une peau de tambour...et sa silhouette reste de marbre
Rédigé par : wictoria | 08 mai 2007 à 21:07
elles sont terribles ces légendes...celle ci et la précédente...
Rédigé par : Annick | 08 mai 2007 à 21:12
de Hérédia (dans les trophées)
Marsyas
Les pins du bois natal que charmait ton haleine
N'ont pas brûlé ta chair, ô malheureux ! Tes os
Sont dissous, et ton sang s'écoule avec les eaux
Que les monts de Phrygie épanchent vers la plaine.
Le jaloux Citharède, orgueil du ciel hellène,
De son plectre de fer a brisé tes roseaux
Qui, domptant les lions, enseignaient les oiseaux ;
Il ne reste plus rien du chanteur de Célène.
Rien qu'un lambeau sanglant qui flotte au tronc de l'if
Auquel on l'a lié pour l'écorcher tout vif.
O Dieu cruel ! O cris ! Voix lamentable et tendre !
Non, vous n'entendrez plus, sous un doigt trop savant,
La flûte soupirer aux rives du Méandre...
Car la peau du Satyre est le jouet du vent.
Rédigé par : amichel | 09 mai 2007 à 15:09
et j'ai toujours aimé cette statue.
Rédigé par : brigetoun ou Brigitte Celerier | 10 mai 2007 à 11:09
C'est vrai que l'angoisse et la souffrance sont trés bien exprimées sur le visage
de cette statue, elle me fait un peu peur.
Il es trés beau le poème d'Amichel
Rédigé par : Cristina M | 10 mai 2007 à 17:28
oh !... et pourtant la musique adoucie les moeurs !?
Bravo Tiago pour ce récit, bravo Amichel pour ce poème.
Rédigé par : Pam | 11 mai 2007 à 20:15
Cette statue fait mal à voir. La douleur est visible. Brrrrrr, j'en frissonne...
Rédigé par : Baïlili | 11 mai 2007 à 23:32
Bravo pour le récit mais cette statue m'angoisse terriblement tant elle exprime la souffrance absolue. Bon week-end, Tiago!
Rédigé par : Ossiane | 12 mai 2007 à 12:42
Magnifique comme toujours, dans le propos et l'approche. Avec ce blog on a confirmation que "la beauté, comme disait Stendhal, est une promesse de bonheur".
Rédigé par : arion | 13 mai 2007 à 08:05
Le supplice des écorchés est un de ceux que j'arrive moins à concevoir et accepter... Curieux qu'on l'associe à la musique et à l'ambition
Rédigé par : JC-Milan | 13 mai 2007 à 14:46
Amichel : merci, je ne connaissais pas ce poème d'Héredia !
Arion : merci beaucoup pour le compliment ...
Et à tout le monde : oui hélas, parfois la musique n'appaise pas les moeurs
Rédigé par : Guess Who | 14 mai 2007 à 16:21