Il leur reste peu de temps…
L’homme est là, guerrier viril au casque flottant. Il tient avec force sa lance et se prépare à partir au combat. C’est Hektôr, et il se prépare à affronter Akhilleus, le guerrier invincible qu’il a défié en combat loyal …
Oui, Hektôr le vaillant guerrier troyen a encouru la colère d’Akhilleus quand il a tué son meilleur ami, Patroklos.
Depuis, Akhilleus n’a cesse que de s’attaquer aux hommes de Troie … blessant, mutilant, tuant ..
Fatigué de ces visions d’horreur, Hektôr a proposé un duel … et maintenant, il se prépare à quitter les siens…
Dans ses bras, sa compagne Andromaque… on ne fait que deviner ses yeux mouillés de larmes qu’elle cache dans la poitrine de son homme… les doigts sont fins et étreignent avec vigueur le corps chaud d’Hektôr…
On voit à l’élégance de ses mains que cette femme est belle, féminine, amoureuse….
Ses larmes, on ne sait si elle les verse par l’angoisse de la séparation ou par prémonition de la tragédie à venir…
Hektôr ! Tu est pour moi un père, une mère vénérable, un frère un époux plein de jeunesse ! Aie pitié ! Reste sur cette tour : ne fais point ton fils un orphelin et ta femme veuve.
Dans le visage d’Hektôr on cherche en vain un signe, une émotion ; peine perdue, son visage reste fermé, hermétiquement fermé, totalement lisse, sans une ride, sans yeux, aucune marque … totalement lisse !
On ne sait si ce visage est déjà celui qui sait qu’il va mourir au combat… ou celui qui se ferme pour ne point entendre les gémissements de celle qu’il aime et qu’il va quitter … pour toujours.
Plus tard dans la journée, Akhilleus creusera des trous aux chevilles du corps sans vie d’Hektôr pour le traîner accroché à l’arrière de son char, paradant autour des murs de Troie avec comme trophée la dépouille sanguinolente et sans vie d’Hektôr … et la femme là haut, seule dans la tour … ne cherchez plus … c’est Andromaque…
… et tu seras déchirée d’une grande douleur, en songeant à cet époux que tu auras perdu, et qui, seul pourrait finir ta servitude. Mais que la lourde terre me recouvre mort, avant que j’entende tes cris et que te voie arracher d’ici !
Adaptation libre (très libre…) de l’Iliade de Homère et une sculpture de Chirico !
et Racine a, assez merveilleusement, mais dans un monde qui n'a plus rien de la Grèce archaïque, fait son et notre miel de la suite de l'histoire.
Elle est belle cette statue, elle me fait presque aimer Chirico
Rédigé par : brigetoun ou Brigitte Celerier | 17 avril 2007 à 17:20
oh, mais prends les, tes rttp bloguesques si c'est pour après nous présenter de si beaux récits !!!
moi qui m'ennuyais à l'école, j'aurais du t'avoir comme prof! ;-)
cette statue est superbe !
merci Tiago ,
@bientôt
beijocas ;-)
Rédigé par : nina | 17 avril 2007 à 19:18
C'est vrai que le visage lisse est dérangeant. Il doit être représenté avec son casque de guerre mais l'expression manque à cette sculpture.
Les mains, oui, elles sont magnifiques.
Rédigé par : Baïlili | 17 avril 2007 à 23:34
Guess, tu excelles dans le rôle du choeur antique qui commente la terrible destinée des héros! Je me régale!
De Chirico est plus connu comme peintre et on retrouve la tête lisse du guerrier dans beaucoup de ses tableaux. Dans cette sculpture, je vois Andromaque qui fait ses adieux au guerrier, l'homme qu'elle a aimé étant déjà loin ...
C'est où?
Rédigé par : LaTartine | 18 avril 2007 à 13:16
La Tartine : cette sculpture fait partie de la collection "Le chemin des sculptures" de Monaco.
On peut la voir dans les jardin du Rocher, à deux pas du Musée Oceanographique
Rédigé par : Guess Who | 18 avril 2007 à 21:54
Merci. Entre les photos magnifiques de ces scultpures, le mouvement des mains sur le rythme de vos mots, j'ai vécu un joli moment ... je passais par hasard. Je reviendrai vous lire encore...
Rédigé par : Celti | 19 avril 2007 à 15:01
Hum ... j'en inverse des lettres ! ;-)
Rédigé par : Celti | 19 avril 2007 à 15:02
Cette belle sculpture est très triste on sent ce couple très amoureux et la guerre va être une entrave à leur amour et cette armure d'acier forge un croisement du destin qui de cette ferraille sépare la chaleur de leur deux corps. Seuls leurs mains s'agrippent et le visage de la jeune femme en pleurs se cache et sèche ses larmes sur le torse courageux de son héros dont le visage vide explique l'incompréhension de choisir de donner la mort plutôt que de vivre son amour auprès de sa bien aimée. Un visage livide plombé de néant qui aurait préféré des douceurs de baisers de caresses au corps de femme embrassé pour donner la vie. A la place de don d'amour cet homme blessé devra donner des coups de sabre, de blessurs et de sang pour donner la mort. Amour tragique mais qui a tout de même existé et vivra de ses souvenirs et de ses rêves.
Rédigé par : Magali | 19 avril 2007 à 15:50
Celci et Magali : merci ... revenez souvent !
Rédigé par : Guess Who | 20 avril 2007 à 08:57
merci
et si vous mettez " le concerto d'aranjuez " par Paco de Lucia, les larmes montent toutes seules
merci pour votre site
Rédigé par : sidonie | 08 novembre 2007 à 21:11
Sidonie : Merci ... je l'écouterai en relisant
Rédigé par : Guess Who | 08 novembre 2007 à 21:26
en même temps si c'est De Chirico, c'est normal que les visages soient 'lisses'!
Rédigé par : Laure | 25 avril 2008 à 16:55
SUPERBE et RARE ! deluol dit genest(3001 odyssée)dossier DE CHIRICO en cours.
Rédigé par : deluol dit genest | 11 janvier 2009 à 19:55
Les visages lisses se retrouvent souvent dans certaines peintures de Chirico. Existent 3 représentaions sur toile de Hector et Andromaque..."...homme sans voix, sans peur et sans visage, fait de douleur, de passion et de joie" (Alberto Savinio, écrivain, peintre..et frére de Giogio De Chirico) JCMEMO1 (blog orange)
Rédigé par : JCMEMO1 | 23 mars 2009 à 08:01
Je ne connaissais que la peinture de cette représentation d'Hector et Andromaque. Merci de m'avoir fait découvrir la sculpture. Où se trouve-t-elle, je n'ai pas réussi à le deviner ?
Rédigé par : Sylvie de Toulouse | 06 mai 2009 à 22:22
Bonsoir, je découvre cette sculpture par hasard et je la trouve vraiment formidable.
Merci pour cet article.
Cordialement,
Rédigé par : Muad' Dib | 22 avril 2010 à 20:31