Je l’avoue, j’ai une énorme chance de pouvoir voyager, d’aller de lieu en lieu.
Il existe un tableau à Amsterdam qui me fascine depuis la première fois que j’ai mis en les yeux dessus. Il s’agit de la Fiancée juive de Rembrandt.
La première fois que j’au vu ce tableau remonte à 1965. Une longue migraine de deux mois sans interruption avait conduit mes parents à me faire hospitaliser à Amsterdam pendant plus d’un mois.
La migraine est partie comme elle est venue, sans explication, et malgré mon jeune âge à l’époque j’avais compris que j’avais frôlé la mort.
J’étais fatigué, affaiblit.
Après être sorti de l’hôpital, je restais encore quelques jours à Amsterdam avec ma mère avant d’avoir définitivement l’autorisation médicale pour rentrer au Portugal.
Nous occupions ces journées là en visitant Amsterdam, et bien sur, ma mère avait décidé de me montrer les tableaux du siècle d’or hollandais du Rijskmuseum : Rembrandt, Vermeer, Ruysdael, ……
Un tableau en particulier m’avait éblouit ! la Fiancée Juive de Rembrandt !
Une explosion de rouge et jaune or...
Longtemps l(encadrement d’une carte postale de ce tableau est resté au chevet de mon lit.
Plus tard, la famille a déménagé aux Pays bas et j’ai eu encore l’occasion de revoir ce tableau la, plusieurs reprises et rester avec le même émerveillement.
Depuis, grâce à une chance énorme, ma vie professionnelle me conduit plusieurs fois par an à Amsterdam, et je prends toujours le temps de faire un saut au Rijksmuseum pour jeter un coup d’œil à ce tableau. Il m’est même arrivé de demander au chauffeur de taxi qui me ramenait à l’aéroport d’attendre, un quart d’heure le compteur tournant, juste le temps que je fasse mon pèlerinage.
Cela fait plus de 30 ans que je regarde ce tableau (mis à part une courte période pendant laquelle le tableau était restauré)
Et à chaque fois, c’est le même éblouissement !
Pas seulement les couleurs, ou la magnifique technique de Rembrandt dans l’expression de tous les détails.
Non, ce qui m’éblouit est cette incroyable tendresse que Rembrandt a su donner à ces deux personnages ; on touche ici au plus près de l’amour et de la tendresse entre deux êtres.
Lui, dont certains disent qu’il s’agit du poète Miguel de Barrios ( et de son épouse Abigaël de Pina), d’autres du propre fils du peintre se tient debout et regarde l’air attendrit sa fiancée. Son regard est doux, protecteur, si … masculin, même viril, malgré la tendresse exprimée.
Une main glisse sur le dos de la jeune femme, l’autre se pose avec une grande douceur sur sa poitrine. Juste posée, dans un geste d’une grande douceur, une caresse silencieuse.
Elle regarde au loin, absente, sans voir. On sent que ses pensées sont loin, qu’elle n’est pas tout à fait avec nous dans ce tableau. Mais elle sait que son amour est là, et qu’il veille sur elle. Elle sent sa présence, entend son souffle, sent la caresse de sa main sur son sein.
Pour marquer sa tendresse, pour dire à son amant - oui je sais tu es là et tu m’aimes - elle pose sa propre main sur celle de l’homme, dans une caresse légère, un simple effleurement, mais qui fait passer tout son propre amour pour lui, qui reconnaît sa présence et l’accepte à ses côtés.
- Oui je sais … moi aussi je t’aime… c’est le message de cette main …
Alors, amies lectrices, quand votre mari, conjoint, amant, vous prend la main, même si vos pensées vous emmènent loin, dites-lui d’un geste doux, comme la Fiancée Juive : je t’aime !
Waouh! moi qui venait juste faire un petit tour de mes blogs favoris en rentrant du cinéma (Coeurs d'Alain Resnais ... on a bien aimé mais c'est trop triste de voir tous les personnages crever de solitude).
Merci Guess pour la découverte de ce tableau et surtout ce beau regard que tu poses dessus.
PS: les lecteurs z'oubliés vont encore protester!
Rédigé par : LaTartine | 06 décembre 2006 à 23:45
Je connais ces mains ! Elles sont dans la salle d'attente de mon médecin et les regarder me réjouit sans mesure rationnelle... J'ai même pris en photo ce poster pour le réutiliser dans un de mes billets un jour prochain :
http://photos1.blogger.com/blogger/3989/587/1600/attente.jpg
Merci de cette fabuleuse écriture sur ce que tu aimes. J'apprécie.
Quand je vais au ciné avec mon mari, nous avons un truc très tendre aussi, je lui caresse la main avec des pressions genre shiatsu et il adore cela !!!! et quand j'ai peur, je lui prend la main, cela me rassure comme si j'étais un petit enfant. Tu as mille fois raison, les mains disent des choses au dela des mots. En mille fois plus puissant.
Rédigé par : wictoria | 07 décembre 2006 à 08:55
De plus elles sont très belles ces mains qui se frôlent...
Rédigé par : double je | 07 décembre 2006 à 12:32
J'aime prendre la main,
Car sachant que
La vie est si fragile,
J'aime dire:
«Je t'aime»
Tous les jours
À ceux qui me sont chers
Dans mon coeur.
Un joli tableau
Qui a inspiré une belle note
Il nous faut partir
Pour la (re)découvrir
Cette tendresse emprisonnée
Par le pinceau de Rembrandt.
Rédigé par : Cristina M | 07 décembre 2006 à 14:14
Mains qui se disent, se racontent
Pour ceux qui ne peuvent écouter
Mains qui caressent, qui calment
Pour ceux qui ont des peurs cachées
Mains qui jouent, qui courent,
Pour les amants secrets,
Mains qui serrent, qui entourent,
Pour ceux qui doivent être portés,
Mains qui saluent, qui s’agitent,
Pour ceux qui se quittent
sur le quai,
Mains qui osent, qui se nouent,
Pour ceux qui sont aimés à jamais….
. . . . .
Merci de partager avec nous tes impressions, tes souvenirs...et de rendre possible ces méditations...Bises Yo-cox
Rédigé par : yo-cox | 07 décembre 2006 à 16:50
oui mais ce qu'il y a de terrible avec Rembrandt c'est qu'aucune reproduction ne peut restituer la réalité du tableau. Le rouge et la lumière miel sur les visages sort du fonds de la toile. Je ne l'ai vu qu'une fois, j'aurais pu passer des heures devant
Rédigé par : brigetoun | 07 décembre 2006 à 19:02
SU-PER-BE ! le tableau et ton texte très touchant !
Rédigé par : Stéphanie | 07 décembre 2006 à 21:29
c'est tellement beau une main qui dit je t'aime.....avec délicatesse!
la main pudique les mots et pose en Acte, c'est tellement la vie au plus simple......
Rédigé par : Annick | 07 décembre 2006 à 23:01
Prenez le train et aller le voir en vrai à Amsterdam, car cette ville contient plein d'autres merveilles ! (je vous donnerai ensuite des adresses pour boire du genièvre le soir...)
Un merci tout spécial à Yo-cox pour son poème qui m'a fait vraiment plaisir(maninha, toi j'ai l'habitude que tu parsèmes mes notes des tes poésies ...)
Rédigé par : Guess Who | 07 décembre 2006 à 23:03
J'aime les coïncidences comme celle-ci: ce soir on a vu Lubie un petit spectacle de jeux de mains projetés sur un écran (http://www.remouleurs.com/remouleurs.php?menu=4). Le plus joli: deux mains finement gantées, la bleue déshabillant la blanche. Une courte scène de strip-tease magnifique!
Autre souvenir cinématographique (j'ai cherché le titre du film toute la journée, merci ouikipedia et Laurent), c'est la scène d'amour torride du film Intervention Divine d'Elia Suleimane (2002). Lui est palestinien, elle est israélienne et le seul endroit où ils peuvent se rencontrer est une voiture garée à un check point. Dans cette scène, ils sont côte à côte, chacun sur son siège, ils regardent droit devant eux, les militaires ne sont pas loin, et seuls leurs pouces se touchent et se livrent à un ballet incroyablement érotique...
Voilà pour compléter les rêveries!
Rédigé par : LaTartine | 07 décembre 2006 à 23:06
Merci La Tartine pour ce conseil (ceux qui voudraient suivre, le calendrier des tournées se trouvent dans le site donné par La Tartine.
Demain soir, je reviendrai avec d'autres mains ... plus passionnées que celle de Rembrandt !
Rédigé par : Guess Who | 07 décembre 2006 à 23:18
quand j ai vu ce tableau de Rembrandt en photo, la troisième main, celle de la femme, m'avait fait pensé qu'elle attendait un enfant.....il y a comme une telle béatitude de la part de la femme......
Rédigé par : Annick | 07 décembre 2006 à 23:27
tu me donnes double travail.j'aurais plein de belles choses à te dire mais je me tais. Ceci dit tu peux toujours aller lire ce que j'ai écrit sur les mains, c'est encore visible sur les deux blogs et çà ne m'a valu aucun commentaire.
Rédigé par : isab | 08 décembre 2006 à 16:53
Ouh, j'ai presque honte de laisser mon petit commentaire tout petit après un tel foisonnement. Félicitations, néanmoins, pour ce nouveau blog magnifique et bravo pour avoir osé quitter notre ancien hébergeur. J'ai bien envie d'en faire de même mais hélas, je suis si nulle en informatique que je crains terriblement de perdre mes textes.
A bientôt, de toutes façons.
Rédigé par : Stella | 10 décembre 2006 à 17:40
Je me souviens que tu m'avais demandé de le reproduire en photo :)
Rédigé par : ckck | 10 décembre 2006 à 23:52
Quel plaisir, de voir, et de te lire. Merci.
Rédigé par : Fauvette | 11 décembre 2006 à 00:39
Les mains c'est curieux...
ce qu'on fait avec elles...
ce qu'on fait quand on ne sait pas quoi faire avec elles...
Rédigé par : teresamaremar | 29 décembre 2006 à 04:27
La fiacée juive, de Rembrandt, est comme un soleil trop vif qui m'oblige à baisser les yeux . Trois ou quatre fois j'ai vu ce tableau à Amsterdam, je le regarde une dizaine de minutes, je me dis que jamais je ne parviendrais à vivre une telle union, ça me donne des sanglots à l'intérieur et je me détourne. Qui a dit que la peinture ce sont des couleurs assemblées....l'homme et la femme ne se regardent pas, chacun est à son intériorité et poutant chacun est à tout l'autre dans une confiance absolue. La peinture qui rend visible le mystère de l'amour est bien sur, faite de couleurs mélangées et en un certain ordre assemblées. Il y a au départ une ébauche, un dessin, quelques grandes masses de couleurs posées à la surface de la toile, pour donner un climat, un clair-obscur, puis lentement la peinture va se déposer, les lumières s'orienter et le sujet se chercher . Car le sujet ce n'est pas un homme et une femme qui s'aiment à l'abri des regards, dans un respect et une pudeur qui forcent l'admiration, c'est la manifestation, rendue visible, de cet amour. Ce ne sont pas deux silex qui sont peints, mais deux silex et l'étincelle qu'ils créent au moment de leur rencontre. Ma comparaison doit être triviale au regard d'un tel chef-d'oeuvre mais ce saut d'énergie est ce qui transforme le motif en peinture. Lentement, comme il naît à nos yeux au bout de quelques minutes de contemplation, le corps de la peinture va se soulever, apparaître; le peintre fait apparaître la lumière qu'il porte en lui, non pas sur, mais du motif qu'il a choisi de traiter, et c'est là que réside tout le mystère de la peinture . Ce n'est pas une lumière posée sur quelque chose, mais une lumière qui émane de ce quelque chose. L'amour de ces deux êtres tranformé en peinture mais non pas peint. Cela peut sembler jouer sur les mots puisque Rembrandt a peint ce tableau et que ce tableau ne s'est pas fait à son insue, il en est bien l'auteur. Mais en lui quelque chose s'est accompli, une expèrience a été vécue qui n'est pas simplement du temps passé à travailler, le résultat d'un processus de fabrication, mais une expérience intime de la création qui s'enracine dans le génie et le vécu. Il faut avoir aimé, il faut avoir souffert, il faut avoir pardonné et s'être réconcilié avec le monde entier pour offrir à l'humanité un tel chef-d'oeuvre. Ce tableau c'est le pardon transformé en peinture, par le génie d'un homme bien sur. Il n'y a plus aucune trace de révolte. Une oeuvre est une trajectoire qui nous prend à un point A et nous porte jusqu'à un point B de la conscience, à moins qu'on baisse les yeux avant .
Rédigé par : patrice giorda | 03 août 2007 à 19:04
être en vie et vivre (on peut avoir un coeur qui bat chaque jour et de ne pas être heureux)
l'histoire me parraisait intérèssante mais jusqu'au moment de savoir que s'etait son amant
la tromperie n'est pas une bonne solution
le geste de main est magnifique et voir les bijoux de la femme à savoir que se n'etait pas une pauvre mais maltraité et bien vêtu
tous les 2 personnages on un visage triste dû à une longue patience soufrante et se la difference entre être en vie et vivre ( on peut avoir un coeur qui bat chaque jour et de ne pas heureux )et afin malheureusement pour eux
Rédigé par : dragoumera | 19 novembre 2008 à 14:42
juin 2010
Je viens de lire le roman de Luigi Guarnieri qui met des personnages dans ce tableau :
la jeune fille Portugaise juive appelée Abigaïl Lopez da Costa, son compagnon d'amour Ephraïm Paradies
serait son médecin (amour impossible entre l'un l'autre) . C'est un instant magique de deux êtres dans
cet amour pour l'un l'autre; surtout en 166...
Ce n'est qu'un roman, le tableau m'enchante, les personnages dans la lumière .....
Rédigé par : Francesconi Elda | 10 juin 2010 à 16:08
Je ressens de la plénitude devant ce tableau. J'ai bien envie de le revoir en vrai, et rester longtemps, contemplative, comme devant une fenêtre ouverte sur l'amour.
Rédigé par : anne | 15 septembre 2010 à 07:30