Des baisers par dix mille,
Des baisers par cent mille,
Par millions des baisers,
Par autant de milliards
Qu’au firmament d’étoiles,
De gouttelettes d’eau dans la mer de Sicile,
A ta joue qui s’empourpre,
Ta lèvre qui se gonfle,
Ta prunelle qui jase,
Je donnerai d’un même élan tant de baisers,
O belle Nééra !
Mais comme je me serre à toit par tous mes pores
Tel un pourpre fixé à ta joue incarnate,
Tel un pourpre incrusté à ta lèvre vermeille
Et à ton œil qui jase,
Lors plus ne m’est permis de voir
Cette lèvre, non plus cette joue incarnate,
Ces jaseuses prunelles,
Ces sourires câlins.
Eux seuls pourtant, comme apollon dissipe
Dans le ciel les sombres nuées
Puis, splendissant sur ces chevaux gemmés,
Par les éthers pacifiés
De ses rayons dore la terre,
Eux seuls, d’un signe irradiant au loin,
De mon visage effacent toute larme,
Lavent mon âme des angoisses,
De ma poitrine apaisent les soupirs.
Las ! D’où m’est née cette querelles
De ma lèvre et de ma prunelle ?
Saurais-je pour rival
Supporter Jupiter
Quand mes yeux et ma bouche
Sont rivaux et jaloux ?